Question orale adressée le 12 avril 2023 au Ministre bruxellois du Bien-être animal concernant les conditions de transport, de vente et de mise à mort des homards suite au scandale survenu dans un magasin Delhaize. Pour lire l'intégralité des échanges, cliquez sur ce lien.
Le 31 décembre 2022, l’organisation de défense des droits des animaux Animal Rights a publié des vidéos interpellantes de homards vendus dans un supermarché Delhaize. On pouvait y voir des homards vivants, les pinces entravées, enfermés individuellement et hermétiquement dans de petits emballages en plastique, sans eau ni nourriture. L’organisation a expliqué que ces crustacés étaient détenus de la sorte pendant plusieurs jours dans les rayons du magasin.
Il est difficile de voir en quoi ce traitement est conforme à la loi de 1986 relative à la protection et au bien-être des animaux. Je pense notamment à son article 4, qui impose à toute personne qui détient un animal de prendre les mesures nécessaires afin de lui procurer une alimentation, des soins et un logement correspondant à sa nature, à ses besoins physiologiques et éthologiques, et qui lui interdit d’entraver sa liberté de mouvement au point de l'exposer à des douleurs, des souffrances ou des lésions évitables.
En temps normal, les conditions de détention et de vente de ces individus en magasin ne sont pas franchement plus acceptables. Les homards se retrouvent entassés les uns sur les autres dans de tout petits bassins. Ils se marchent dessus, ont les pinces entravées et ne peuvent aucunement exercer leurs besoins éthologiques.
Après leur passage en caisse, le sort de ces animaux ne s’avère guère plus réjouissant puisque les particuliers qui les achètent les tuent en les ébouillantant vivants ou en leur plantant un couteau dans le corps.
Cette souffrance animale a aussi été dénoncée fin décembre par le groupe d’action Extinction Rebellion Animal, qui a organisé un sit-in au Cora d’Anderlecht.
Ces conditions, du transport à la mise à mort particulièrement cruelle, en passant par la détention et la vente de ces individus, choquent évidemment de plus en plus. Et pour cause, les avancées scientifiques nous permettent de nous rendre enfin compte de la sentience des crustacés décapodes. Il ne fait plus de doute que, comme nous, ils ressentent la douleur, la faim ou le stress.
En juin 2021, le Conseil bruxellois du Bien-être animal avait d’ailleurs rendu un avis très clair concernant l'étourdissement préalable à la mise à mort de crustacés décapodes. Le Conseil estime que « seules les méthodes électriques pour lesquelles la mise à mort est effectuée en même temps que l'étourdissement » devraient être autorisées.
Les résultats de votre consultation citoyenne en vue de la rédaction du Code du Bien-être animal montre aussi qu’une large majorité des sondés souhaite l’entrée en vigueur d’un étourdissement obligatoire avant l’abattage d’un individu appartenant à la catégorie des crustacés décapodes, et que la personne qui pratique la mise à mort ait « les connaissances et les capacités requises pour y procéder ». Cette mesure minimale de protection des animaux impliquerait que, dans les faits, les homards ne seraient donc plus vendus vivants.
Tous ces problèmes de détresse animale ne se poseraient évidemment pas si nous cessions tout simplement de consommer des êtres sentients. Mais tant que ce n’est pas le cas, il convient au minimum d’interdire les comportements les plus cruels envers ces êtres vivants.
Mes questions sont les suivantes :
Avez-vous pris connaissance des images diffusées par Animal Rights ? Estimez-vous que cette détention d’un animal est conforme à la loi relative à la protection et au bien-être des animaux ? Des suites y ont-elles été données ?
Où en sont les réflexions dans le cadre de la rédaction du futur code du Bien-être animal concernant les conditions de détention et de mise à mort des crustacés décapodes ?
Des réflexions sont-elles menées de manière plus générale sur la vente d’animaux vivants ?