En Région bruxelloise, il est encore fréquent que des entreprises ou des communes capturent des pigeons urbains à l’aide de cages, avant de les euthanasier en raison des nuisances qu’ils occasionneraient. En principe, la pratique est illégale : l’ordonnance bruxelloise sur la conservation de la nature empêche notamment l’emploi de « filets, pièges-trappes, appâts empoisonnés ou tranquillisants » pour capturer toute espèce d’oiseaux. Mais il arrive que des dérogations continuent d’être octroyées à des sociétés « anti-nuisibles », qui travaillent pour le compte d’autres entreprises, telles que la STIB, ou de pouvoirs publics.
Ce régime de dérogations pour les captures de pigeons est cruel et inefficace. Je viens donc de déposer une proposition d’ordonnance au Parlement bruxellois visant son abrogation. Il y a quelques mois, je tombais moi-même à Bruxelles-Central sur des cages placées à la demande de la SNCB, dans lesquelles des pigeons étaient morts de soif. Ils étaient restés enfermés des jours entiers dans ces cages, sans que les employés ne viennent les relever. Les oiseaux qui survivent ne connaissent pas un sort beaucoup plus enviable, puisqu’ils sont généralement tués par gazage.
Au-delà de la souffrance animale, la pratique est également remise en question pour des questions d’efficacité. Les populations de pigeons fonctionnent en effet selon une dynamique élastique. Quand on éradique des pigeons à un endroit donné, il se produit une compensation démographique : la fécondité augmente, la mortalité naturelle diminue et des individus provenant d’autres zones viennent s’y installer.
Cette réalité est reconnue par l’agence Bruxelles Environnement. Dans un dossier édité en 2019 en collaboration avec Natagora, elle conclut à propos de la capture de pigeons que « cette méthode d’après les études scientifiques ne fonctionne pas, de plus elle pose de grandes questions éthiques et elle est très coûteuse ».
Or, c’est justement Bruxelles Environnement qui adopte les décisions de dérogation. Une situation de non-sens qu'il faut résoudre par une meilleure protection des pigeons. Si l’on souhaite réduire le nombres de pigeons urbains, d’autres méthodes de régulation existent, comme l’installation et l’entretien de pigeonniers contraceptifs, ou encore la distribution de grain contraceptif, qui constituent deux alternatives plus efficaces et non brutales. Plusieurs communes bruxelloises se dirigent d’ailleurs dans cette voie, comme Ixelles et Bruxelles Ville.