Question orale adressée le 26 mai 2021 au Ministre bruxellois de l'Environnement concernant la politique de la Région en matière d’animaux classés parmi les espèces exotiques envahissantes. Pour lire l'intégralité des échanges, cliquez sur ce lien.
On estime qu'une espèce exotique est envahissante lorsque celle-ci est introduite en dehors de sa zone habituelle de répartition et que son établissement et sa propagation représentent une menace pour les écosystèmes ou les espèces indigènes.
En Région bruxelloise, deux listes servent de référence pour cataloguer ces espèces animales et végétales : une liste européenne et une liste bruxelloise. Cette dernière constitue l'annexe IV de l'ordonnance relative à la conservation de la nature.
Pour ce qui concerne les animaux, notre Région serait ainsi concernée par la présence d'une série d'espèces de vertébrés inscrites dans cette annexe : la tortue de Floride, l'ouette d'Égypte, la bernache du Canada, trois espèces de perruches, l'érismature rousse, le raton laveur, le tamia de Sibérie ou encore le rat musqué.
Il est en tout cas intéressant de rappeler que plusieurs de ces espèces se sont retrouvées et se propagent dans la nature parce qu'elles ont fait l'objet d'un commerce en tant que nouveaux animaux de compagnie (NAC).
Certains de ces animaux se sont très bien acclimatés à notre Région, en particulier les oiseaux tels que les perruches et les bernaches. Celles-ci font aujourd'hui partie intégrante du paysage aviaire bruxellois auquel beaucoup de citoyens sont attachés, aux côtés des colombidés, merles, moineaux, mésanges, rouges-gorges, pour ne citer qu'une partie de l'avifaune.
Ces animaux introduits font bien sûr l'objet d'une surveillance puisqu'ils représentent une potentielle menace concurrentielle pour les espèces indigènes. Le meilleur exemple est sans doute les perruches qui, outre le suivi effectué par Aves-Natagora, ont également fait l'objet de travaux dans le cadre du projet européen ParrotNet.
Si leur nombre a augmenté de façon exponentielle dans notre Région lors des précédentes décennies, les populations de perruches seraient dans une phase de stabilisation depuis quelques années, d'après les données disponibles. Par ailleurs, les experts semblent d'avis qu'à Bruxelles, les perruches n'ont qu'un impact assez limité sur le plan de la biodiversité, comme l'indiquait une discussion menée au début de l'année dernière au sein de cette commission.
Pourriez-vous confirmer cette information et fournir un aperçu des éventuelles observations plus récentes concernant les trois espèces de perruches ?
Pourriez-vous également faire un point sur la situation dans le cas de la bernache du Canada et de l'ouette d’Égypte en ce qui concerne les éventuelles mesures de gestion prises par la Région et l'impact de ces deux espèces ?
Par ailleurs, il apparaît que lorsqu'un citoyen apporte à la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux un individu blessé appartenant à l'une de ces trois espèces – perruche, bernache du Canada ou ouette d’Égypte –, la Ligue a pour obligation de faire euthanasier l’animal.
Dans un rapport portant spécifiquement sur ces espèces exotiques envahissantes, réalisé en 2017 et 2018 en collaboration avec l'Université libre de Bruxelles, la Ligue remet clairement en cause cette politique. Elle écrit que pour les espèces déjà répandues, la stérilisation serait préférable à l'euthanasie, qui ne se justifie pas sur les plans éthologique et éthique. Nous pouvons par ailleurs estimer que les politiques de biodiversité et de propreté devraient s'accompagner de balises éthiques à l'égard des animaux en tant qu'individus. À ce propos, le gouvernement peut-il indiquer si cette position de la Ligue a donné lieu à une réflexion de sa part ou au sein de Bruxelles Environnement, et s'il est envisagé de substituer les euthanasies d'animaux exotiques envahissants transitant par le centre de soin par des stérilisations, lorsque celles-ci sont techniquement possibles ?
Enfin, plusieurs espèces exotiques envahissantes qui se trouvent actuellement dans la nature sont des animaux dont l'origine est le commerce et la détention en tant que NAC. Beaucoup estiment que le commerce de NAC continue de représenter un risque important pour la biodiversité. À titre d'exemple, je lis sur le site d'Aves l'avis selon lequel « il faut absolument limiter les risques de nouveaux lâchers et de nouvelles introductions, en interdisant le commerce des perruches et perroquets, car le lien entre risque d'invasion et commerce a bien été mis en évidence ».
Nous connaissons le travail du gouvernement pour, par exemple, limiter la liste des reptiles pouvant être détenus par un particulier. Mais la liste des critères utilisés pour arrêter cette liste positive n'en comporte aucun qui porterait sur le potentiel d'envahissement de l'espèce, alors que les abandons d'animaux dans la nature sont malheureusement encore très fréquents chez nous. Pourriez-vous donc faire le point sur les mesures éventuellement envisagées pour prévenir davantage l'installation de nouvelles espèces potentiellement dommageables, en particulier des espèces qui font actuellement l'objet d'un commerce pour le marché des NAC ?