En Région bruxelloise, l’élevage d’animaux à fourrure est formellement interdit. Adoptée en 2017, cette mesure a surtout une portée symbolique, puisqu’il est actuellement toujours possible de vendre et d’acheter de la fourrure issue d’élevages ailleurs dans le monde. Mais ça pourrait changer. Au Parlement bruxellois, j'ai déposé une proposition prévoyant l’interdiction de commercialiser de la fourrure d’animaux.
Faut-il mettre fin au commerce de produits dont la fabrication est elle-même interdite pour des motifs éthiques ? Je pense qu'il s’agit d’une question de cohérence morale et législative. Le problème se pose éminemment pour la fourrure d’animaux : si les fermes d’élevage sont interdites en Région bruxelloise depuis 2017, il est toujours légalement possible d’acheter dans le commerce toutes sortes de produits de fourrure provenant d’animaux élevés et abattus ailleurs dans le monde.
81 % des Bruxellois pour l’interdiction de la vente de fourrure
Pour remédier à cette incohérence, j'ai déposé une proposition d’ordonnance visant l’interdiction du commerce de ces produits. Cette mesure se justifie par l’important rejet populaire que suscite désormais l’élevage d’animaux pour la fabrication de fourrure. En mars de cette année, une pétition à l’échelle européenne a rassemblé 1,5 million de signatures de citoyens réclamant l’interdiction de ces élevages, mais aussi justement la vente des produits qui en découlent. Un sondage réalisé par IPSOS à la demande de l’organisation GAIA, nous indique par ailleurs que 81 % des Bruxellois sont en faveur de l'interdiction de commerce visée.
Une industrie cruelle
Il n’est pas logique que Bruxelles autorise la vente d’un produit… dont la production est formellement interdite en raison de la souffrance animale qu’elle génère. On estime que pour l’industrie de la fourrure, 100 millions d’animaux sont élevés et abattus chaque année dans le monde. Il s’agit d’une industrie extrêmement cruelle, qui enferme dans des cages exiguës des animaux sauvages tels que des renards et des visons, en les privant de tous leurs comportements naturels fondamentaux. Il n’est pas acceptable qu’on retrouve encore dans des commerces bruxellois les peaux de ces pauvres animaux, sous la forme de capuches ou d’accessoires.
La compétence de la Région
En 2019, j'avais déjà déposé au Parlement bruxellois une proposition visant la fin de la vente de foie gras issu du gavage. Ce texte avait suscité un débat sur le partage des compétences entre niveaux de pouvoirs : si le bien-être animal est devenu une compétence des Régions lors de la sixième réforme de l'État, le commerce reste normalement du ressort de l’État fédéral. Cependant, le Conseil d’État avait remis un avis positif sur ma proposition. Celui-ci notait notamment que la loi de 2014 relative à la Sixième Réforme de l’État « n’exclut pas que les régions, sur le fondement de leur compétence en matière de bien-être animal [...], règlent également le commerce de produits d’origine animale ». J'estime donc que ce raisonnement peut également s’appliquer à la fin du commerce de fourrure d’animaux en Région bruxelloise.
Le texte de la proposition ⬇️